Calvin Massawe est diacre spiritain, et sera ordonné prêtre la semaine prochaine avec son compatriote Dismas en Tanzanie. Les deux ont suivi leur formation en théologie à Paris, puis le stage diaconal dans leur province d’origine. Calvin nous livre sa réflexion sur cette dernière année passée dans une mission de brousse auprès des plus pauvres.
La pastorale de proximité, c’est quoi ? C’est une visite pastorale de maison à maison chez tous les chrétiens de la paroisse, que le P. Patrick Njau, spiritain, a lancé à son arrivée ici à Igoma l’an dernier. On rend visite aux paroissiens dans leur lieu de vie. Cette visite se déroule sur une période d’environ 1 mois 1/2, du lundi au samedi, à la rencontre de toutes les petites communautés qui constituent la grande paroisse.
C’est un exercice physique et spirituel car il faut marcher sous la pluie, le soleil, dans les forêts et surtout en brousse au moins une dizaine d’heures par jour ! Le but c’est d’aller à la rencontre en vue de partager avec nos chrétiens tout ce qui se vit : aussi bien les joies et les bonheurs que les peines et les difficultés, la mort, les maladies, la misère comme les conforts… pour mieux grandir, tisser le lien fort entre la paroisse et les familles, surtout fortifier notre foi et nous faire grandir en Christ.
Grâce à cette visite j’ai découvert que la misère, la maladie, l’ignorance (les trois anémies) contre quoi notre premier président Julius K. Nyerere avait lutté depuis 1961, empêchent les chrétiens comme les non-croyants de vivre pleinement, de s’épanouir, d’étudier, d’avoir leur pain quotidien et… finalement met en question la foi des chrétiens et leur relation avec l’Eglise. Ils deviennent de plus en plus nombreux à abandonner la foi ; et les autres quittent la communauté et fondent leur propre Eglise. Voilà un grand défi missionnaire que nous essayons de relever avec les agents pastoraux et les Petites Communautés Chrétiennes.
Tout homme peut devenir mon prochain quand les circonstances, les maladies, l’amitié, la mort, l’aventure m’invitent à me rapprocher de lui. Et ceci n’exclut pas le partage fraternel, spirituel, relationnel etc. ; ou un acte de bienfaisance qui nous interpelle tous dans la mission. Cela veut dire que nous sommes invités à montrer de surcroît cette allégresse du cœur tourné vers notre prochain.
Alors pour être missionnaire aujourd’hui à Mbeya et ailleurs, il faut embrasser le partage qui rend fraternel et heureux ceux et celles qui le pratiquent. Et pour réaliser cette mission que l’Evangile nous invite à mettre en pratique, il faut un amour parfait.
Pour mieux comprendre l’homme il faut comprendre sa vie, c’est-à-dire aller à sa rencontre. Eh bien, à quoi bon être missionnaire spiritain si l’on ne voit pas son prochain qui peine au bout du chemin !!!
Calvin Massawe, cssp