Je m’appelle EMMANUEL JONAS MADINDA religieux et spiritain d’origine tanzanienne. J’ai commencé ma formation spiritaine (le postulat) à Bagamoyo en Tanzanie en 2012. Après une année de découverte de la Congrégation, j’ai continué avec les études philosophiques à Arusha en Tanzanie pendant trois ans (2013-2016). Ensuite je suis allé à Lushoto Tanga (toujours en Tanzanie) pour une année de noviciat. J’ai prononcé mes vœux le 21 juin 2017. Apres avoir prononcé les vœux, je suis allé au Gabon pour le stage missionnaire pendant deux ans, et me voici en France pour trois ans d’étude théologique.
Il y a tant de choses à partager quand il s’agit de l’expérience missionnaire, parce que la vie missionnaire n’est pas séparée de la vie au quotidien, alors raconter toute expérience serait raconter toute la vie en tant que religieux. Mon partage se limitera sur mon expérience au Gabon. Je vais partager alors quelques expériences qui m’ont profondément marqué en tant que religieux et missionnaire au Gabon.
Apres avoir prononcé mes vœux, je suis devenu officiellement religieux et membre de la Congrégation du Saint Esprit. Quelques jours après, le supérieur de la province de Tanzanie à l’époque m’a annoncé que j’irai au Gabon pour mon stage missionnaire. A ce moment-là le Gabon m’était un pays inconnu, c’était la première fois que je sortais de mon pays, je ne parlais pas français, je ne connaissais personne, j’étais le premier à y être affecté pour le stage missionnaire de la province de Tanzanie, loin de la famille pendant deux ans sans vacances.
« La peur d’être loin de ma famille ne fut bientôt plus un souci. Je me suis trouvé dans une famille bien plus grande que je pouvais imaginer. Le Seigneur ne m’a jamais abandonné dans une terre lointaine, dans une terre étrangère il a marché avec moi. «
Emmanuel, spiritain de Tanzanie
J’ai eu peur, peur des réalités qui m’étaient inconnues. J’ai commencé à vivre mon expérience missionnaire au Gabon avec mon esprit en Tanzanie. Quand on est confronté à la peur on a besoin de quelqu’un pour nous rassurer et nous encourager. Qui doit nous rassurer ? C’est le responsable de la mission, Celui à qui la mission appartient, c’est Celui qui nous envoie moissonner ; c’est le Seigneur. En ce moment d’incertitude et de peur, le Seigneur à travers sa parole ne cessait de me rassurer, « Ne crains pas, car je suis avec toi. » Jérémie 1, 8. La façon qu’il a eu de me rassurer demeure toujours en moi, surtout dans tous les moments difficiles et incertains que je traverse dans ma vie de missionnaire. Cette peur m’a rappelé que ce ne sont pas mes propres forces et mes connaissances qui comptent dans la mission, c’est plutôt ma confiance et mon abandon total au Seigneur pour qu’il agisse en moi afin d’accomplir Sa mission.
En arrivant au Gabon tous les a priori tombent et voilà face à moi la réalité. Quel accueil chaleureux, quel grand amour que les confrères et le peuple gabonais m’ont montré. J’ai pu constater que la foi est très puissante, elle fait tomber toutes les barrières et nous réunit ensemble comme des enfants d’un seul Père qui est au ciel. La peur d’être loin de ma famille ne fut bientôt plus un souci. Je me suis trouvé dans une famille bien plus grande que je pouvais imaginer. Le Seigneur ne m’a jamais abandonné dans une terre lointaine, dans une terre étrangère il a marché avec moi. Malgré la difficulté de la langue française, je ne me suis jamais trouvé seul, j’étais toujours avec quelqu’un pour discuter.
L’apprentissage de la langue française m’a beaucoup marqué. Je me souviens le jour où je suis allé commencer les démarches pour mon titre de séjour, la dame qui m’a interrogé a constaté que j’étais religieux mais que je ne parlais pas français. Elle a demandé au prêtre qui m’accompagnait, « Comment va-t-il nous évangéliser s’il ne parle pas français ? » Le prêtre en question lui a répondu : « il va apprendre ». Découvrant que nous sommes spiritains, elle a pris nos contacts et elle est devenu très proche de nous jusqu’à la fin de sa vie, que son âme repose en paix. La langue m’a rendu comme un enfant, cela m’a rappelé qu’un missionnaire doit être humble comme un enfant. Il doit être ouvert pour apprendre des choses, il n’est pas omniscient, il a beaucoup à apprendre avec toute humilité. L’humilité rend possible la mission, l’orgueil et l’arrogance la bloquent.
Comme insertion pastorale, je travaillais avec les enfants de quête à Libreville, les enfants de chœur à Port-Gentil, les jeunes de la paroisse de Sacré Cœur de Jésus à Port-Gentil, le catéchiste à la paroisse du Sacré Cœur de Jésus (Port-Gentil), les enseignants d’enseignement religieux dans un établissement scolaire (Lycée & collège Raponda Walker) à Port-Gentil. Tout cela m’a permis de sortir et aller vers l’autre surtout les jeunes. Leur soif de connaitre et de vivre la foi catholique était très émouvant pour moi, jusqu’à aujourd’hui il y en a qui continuent de m’appeler ou de m’écrire pour me poser des questions sur la foi.
Du Gabon je suis sorti avec deux enseignements principaux d’un missionnaire. Tout d’abord la mission appartient à Dieu. Il accompagne et donne tout ce qui est nécessaire à celui qu’Il envoie. Ensuite, un missionnaire doit être humble pour apprendre la culture d’où il est envoyé et pour faciliter une rencontre à ceux et celle à qu’il est envoyé.