Le père Manuel Gaiola est angolais. Spiritain depuis 1997, il arrive en France pour le premier cycle de théologie en 1998. Ordonné prêtre en 2003, il est aumônier de différents établissements d’Apprentis d’Auteuil en Eure-et-Loir, puis dans le Nord-Pas de Calais. Après une dizaine d’années de mission, il est actuellement en formation à la maison-mère à Paris.
« Est-ce que tu es là pour les études ? Ah non ? Pour quoi ? » Ce sont des questions que j’ai plusieurs fois entendues au cours de mes 10 années de ministère. Pour beaucoup de gens, un religieux étranger vient en France forcément pour des études ! Je me suis donc demandé ce que j’apportais de plus ou de différent en travaillant en France. A quoi je sers et pourquoi je suis là.
Ici en France
Je ne suis pas ici pour prendre la place d’un autre ou faire ce que les autres ne font pas. Je suis ici pour vivre la Mission. Avec d’autres, montrer le visage du Christ à l’humanité, donner à l’Eglise un visage plus universel, établir un échange de services et de témoignages entre les Eglises plus que pour faire de grands enseignements.
Nous vivons avec des personnes qui ne savent rien sur les différentes religions et sur les choses de la foi chrétienne. Ce qui est étonnant, lorsque l’on sait que la France est un pays forgé par le christianisme. Comment témoigner de notre foi au Christ auprès de personnes si éloignées de l’Eglise ou sans culture religieuse ? Notre manière d’être, comme spiritains, convient bien aux personnes que nous rencontrons à Auteuil. On ne les agresse pas avec de grandes affirmations. On vit avec les gens, on partage les joies et les peines. Pour ceux qui sont éloignés de l’Eglise, nous sommes des sujets d’étonnement.
Là-bas en Angola
Je pars en congé dans mon pays tous les 3 ans. L’Angola, qui a trouvé une paix durable, il y a 10 ans, est en pleine reconstruction et transformation. Les jeunes ne rêvent plus de sortir de leur pays comme autrefois et on me demande d’où je viens et ce que je fais. Lorsque je leur dis que je suis en France, aumônier dans un établissement pour des jeunes en difficulté, mes interlocuteurs sont surpris. Il y a donc des gens pauvres en France ? Tous ne sont pas catholiques ? Être missionnaire en France ! Un sujet étonnant pour les gens de mon pays comme pour ceux de celui qui m’accueille.
Manuel Gaiola, tiré de la revue « Pentecôte sur le monde » n°866 de déc. 2012.