Volontaire aux Philippines, au cœur des réalités locales

basket2Les philippins ont été aux urnes le 9 mai dernier pour l’élection du président de la République, mais aussi des sénateurs, députés et élus locaux. Le pays où sont présents les spiritains depuis bientôt vingt ans est à un tournant, avec une croissance rapide mais encore une très grande pauvreté et des écarts qui se creusent. C’est dans ce contexte que les spiritains et leurs partenaires essayent très modestement de travailler à l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres, notamment par l’éducation, la santé, et le développement rural. Le volontaire DCC actuellement sur place, Humbert Duchon, qui travaille notamment avec nos confrères nigérians et tanzaniens est confronté à de multiples défis : culturels, techniques, organisationnels. Voici quelques extraits de sa dernière newsletter :

Découverte des cultures locales (musée de General Santos)
Découverte des cultures locales (musée de General Santos au sud de l’île de Mindanao)

« Point de vue mission, cela avance… douuuucement… Que ce soit les philippins ou mon responsable africain, ils n’ont pas la même notion du temps que nous. Mine de rien parfois cela a du bon, on prend plus le temps de réfléchir, d’observer, d’analyser, etc. En arrivant je devais m’occuper de la mise en place d’une boulangerie, ce que je trouvais être une très bonne idée. Or, après avoir passé quelques temps ici, à connaitre les gens, la situation, leurs besoins, je me rends compte que cette activité telle qu’elle a été pensée initialement n’aurait pas tenu 3 mois.

Vente de légumes de la ferme spiritaine

La mise en place d’activité génératrices de revenus est bien complexe. En gros on veut monter un business, dont les bénéfices permettront le financement des œuvres sociales telles que les écoles, les bourses étudiantes ou alimentaires, l’assistance médicale, etc. et ce afin de dépendre de moins en moins des dons qui sont très aléatoires. Cette activité doit générer de l’emploi au bénéfice des personnes locales qui n’ont aucune formation ou très peu, et leur pauvreté fait qu’ils n’ont pas vraiment de vision à long terme. Ce point est finalement assez important car ils sont prêts parfois à sacrifier la stabilité de leur emploi juste pour gagner un peu plus le jour même. L’exemple le plus frappant qui m’a été conté est l’histoire d’un bienfaiteur qui a voulu aider des paysans. Ces personnes travaillaient sur des terres ne leurs appartenant pas et devaient donc payer des loyers ce qui drainait une bonne partie de leurs revenus. Le bienfaiteur décide d’acheter les terres et de les leur donner. Belle opération, mais en moins d’un an tous les agriculteurs avaient revendu leurs terres aux anciens propriétaires et donc redevaient payer des loyers tous les mois… ça me faisait rire ces histoires car chez nous on nous presse pour épargner pour notre retraite dès qu’on a un travail, ici ben ils sont pressés par les besoins quotidiens de nutrition ou autre. Mais c’est aussi un défaut d’anticipation, qu’il faut, pour nous, arriver à leur apporter.

Rencontre avec la mairie de Kauswagan en vue d'un possible partenariat
Rencontre avec la mairie de Kauswagan en vue d’un possible partenariat

 

Formation à l’apiculture à la maison spiritaine

Dans ces projets économiques il faut que, nous aussi, pensions au long terme. Plusieurs projets ont été mis en place par mes prédécesseurs mais la plupart se sont arrêtés lorsque le volontaire est parti. Il est donc nécessaire que le projet ne dépende pas du volontaire et sous-entende un partenariat avec un autre organisme qui aura intérêt à ce que l’activité continue. Par exemple, l’un des volontaires s’était lancé dans l’apiculture, ce qui avait été un franc succès, mais faute de suivi, les ruches se sont éteintes. Le projet sera peut-être relancé car nous venons de trouver un partenaire local, une association qui veut promouvoir le miel et ses vertus, en particulier dans les zones de Mindanao qui souffrent des conflits latents. Notre situation et expérience passée l’intéressent, on a déjà une personne formée à l’entretien des ruches et il nous apporterait l’assistance technique nécessaire pour maintenir l’activité. J’espère que cela aboutira (on est en train de faire les papiers pour le partenariat), car je compte dessus pour diversifier notre production en ajoutant confitures et autres produits transformés à partir de ce que nous pouvons cultiver ici ».

Humbert Duchon

EDM2
Avec les jeunes étudiants parrainés par « Enfants du Mékong »

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