Le saint,
Je l’ai rencontré
Dans les livres de mon enfance
Tout épris de son Seigneur,
Tout aimant de ses proches.
Pourtant, il n’était qu’un saint de papier !
Le saint,
Je l’ai croisé
Dans l’église de mon quartier,
Tête tournée vers le ciel,
Mains ouvertes pour le pauvre.
Pourtant, il n’était qu’un saint de plâtre !
Le saint,
On m’a demandé de veiller sur sa dépouille,
Dans un sanctuaire qu’il a édifié
Pour une amie de cœur.
Ensemble, ils se sont ligués pour les petits d’Auteuil.
Pourtant, ses audaces me le rendent lointain, ce bienheureux.
Le saint,
Je l’ai salué sur le trottoir
Toute chargée d’un retour de marché,
Pas de temps pour souffler,
Le service des siens n’attend pas.
Ceinte du tablier elle est la sainte du quotidien.
Le saint,
Je lui ai souhaité le bonsoir
Au terme d’une longue journée de labeur
Tissée de joies partagées, de peines endurées
Visage marqué de fatigue
Il va, la nuit tombée retrouve sa famille, sainte !
Le saint,
Je l’ai côtoyé,
Dans ces rencontres imprévisibles,
Dans ces services insignifiants,
Portant son coin de ciel au-dedans
Pour l’offrir à d’autres, le saint, des gens de rien !
Le saint,
Si c’était toi, si c’était moi !…
Louis Cesbron, Cssp