Je suis aujourd’hui très précisément à mi-parcours. La mise en route de certaines activités a parfois été laborieuse – l’accompagnement scolaire, par exemple, ne démarre que la semaine prochaine. J’ai donc du saisir des opportunités qui se sont présentées au fil des rencontres, pour me construire un emploi du temps à peu près raisonnable. Par exemple, avec Caritas, j’ai vite compris qu’il me serait difficile d’animer directement des cours d’alphabétisation. On m’a proposé d’observer, ce qui est logique dans un premier temps, de suivre leur formation, et d’accompagner la mise en place d’un nouveau centre dans la paroisse.
Heureusement j’ai pu me greffer sur des cours existant déjà par ailleurs, indépendamment de Caritas, et travailler dans la paroisse avec mes propres apprenants, et c’est une expérience que je savoure particulièrement.
A côté de cela, je consacre plus de temps que ce qui avait été anticipé avec les toxicomanes, à la Caza d’une part, et dans un autre centre où on m’a proposé de faire des interventions. Il m’a été un peu difficile au début de trouver ma place à la Caza: on ne me demandait pas de faire quelque chose en particulier, plutôt « d’être avec », ce qui m’a sans doute déstabilisé. Maintenant que les accueillis me connaissent, cependant, je commence à goûter nos 2 rendez-vous hebdomadaires.
Pour le reste, il y a la découverte des différents univers religieux de Maurice, notamment l’hindouisme avec les sessions de Pont-Praslin – et nous projetons avec le P. Henri de faire le grand pèlerinage annuel à la fin du mois.
Les relations avec la communauté restent bonnes – encore que pour être parfaitement honnête, je peux aussi observer, étant au premier rang, toutes les difficultés qu’il y a à organiser une vie en commun, quand les tempéraments doivent s’accorder, et prendre en compte le poids des différentes charges… comme je m’y attendais, ce séjour a un effet sainement « désidéalisant » sur ce que peut être la vie religieuse!
C’est aussi un temps de pause pour moi, un temps de réflexion, ainsi qu’un temps d’écoute de la Parole, un temps priant… autant de choses que je n’avais pas forcément anticipées de cette façon, mais j’apprécie finalement d’avoir ce temps pour moi.
Et puis je garde peut-être le plus important pour la fin de ce trop long message: les rencontres, les échanges de personne à personne, qu’il s’agisse des SDF de la Caza, des laïcs engagés dont le dévouement me bluffe, des jeunes spiritains qui partagent leurs déceptions ainsi que la foi qui fait durer… autant de moments où j’ai le sentiment de me faire évangéliser.
Je dois dire que ma vie en France n’est pas telle que les rencontres se multiplient, c’est donc un vrai changement que d’avoir chaque jour à mémoriser de nouveaux noms, de nouveaux visages, et même si l’échange est fugace, les Mauriciens sont accueillants et c’est toujours intéressant pour moi.
Ce qui ne m’empêche pas de temps à autre d’avoir un peu le mal du pays – quand je pense que Maurice est privée d’automne et de printemps, ces deux joyaux de la Création, et que l’on ose appeler cela un paradis terrestre!
Bref, j’espère avoir correctement retranscrit ce que je vis ici, même s’il serait plus aisé d’en parler de vive voix.
Fraternellement, Sébastien, février 2014