« Mapendo ya Mungu Baba ni ya ajabu…. Upande, upande wa mataifa yote… »
Ce matin, les voix d’une cinquantaine de jeunes pèlerins se font entendre dans la grande salle audiovisuelle. Ça chante et ça danse. Les ados qui font partie de leur grand pèlerinage diocésain à Lourdes « partent en Afrique », au moins en esprit pour un quart d’heure. Les sœurs Annonciata Mapendo et Clémence Sawadogo leur apprennent quelques mots en swahili, puis un air simple, et le courant passe. La joie de croire dans la grande communion des chrétiens du monde entier fait bouger le corps et l’âme.
Nous sommes à l’« espace mission », à côté du magnifique sanctuaire de Lourdes. Ce pavillon est géré par les OPM (Œuvres Pontificales Missionnaires) et animé par Anne Déloy et Sœur Joséphine, son adjointe, ainsi qu’une équipe de « témoins de la mission » qui se renouvelle tous les quinze jours. Avec les deux sœurs missionnaires d’Afrique, j’ai eu l’occasion de passer deux semaines en juillet au sein de cet espace, en accueillant des pèlerins et en témoignant de la mission telle que chacun l’a vécue et la vit dans son quotidien.
Parfois, nous rencontrons de grands groupes de jeunes, parfois nous échangeons avec des pèlerins qui découvrent notre pavillon « en passant ». Nous projetons des films, animons des jeux autour de la mission, entrons en débat, échangeons sur notre foi, prions ensemble.
Oui, les visages qui me marquent profondément ici à Lourdes, ce sont ceux des malades, des personnes souffrant dans leur corps et dans leur âme. Je ne connais aucun lieu où l’on sentirait davantage l’attention particulière que notre Dieu réserve à ceux qui souffrent.
Bien sûr, nous ne planons pas dans les nuages d’une illusion religieuse. La mission à laquelle l’Eglise Universelle est appelée, se voit confrontée à d’énormes défis, parmi nous en France, et dans d’autres régions de notre terre. Beaucoup de nos hôtes partagent leurs soucis avec nous : les guerres, les réfugiés, la pauvreté ; j’entends aussi souvent s’exprimer une peur face à l’« islam » qui est, à maintes reprises, considéré comme « la religion de la violence » par excellence. Les temps ne sont pas faciles pour un dialogue islamo-chrétien. Et puis, la grande préoccupation, c’est la rupture de la transmission de la foi. Nos enfants et nos petits-enfants, se laissent-ils encore toucher par la Bonne Nouvelle ? La mission, c’est partout !
Quand la jeune fille Bernadette Soubirous a rencontré, le 18 février 1858, au cours d’une expérience mystique profonde, la Vierge Marie pour une troisième fois à la grotte de Massabielle, celle-ci lui dit : « Je ne vous promets pas le bonheur en ce monde, mais dans l’autre ». S’agit-il ici d’une consolation orientée uniquement vers l’au-delà ? – Absolument pas ! Jusqu’à sa mort, Bernadette Soubirous a témoigné de sa foi en soignant fidèlement des malades à Nevers. Nous aussi, nous sommes tous appelés à travailler pour ce Royaume qui nous est promis.
L’Esprit de Lourdes et l’Esprit de la Mission est le même.
Olaf Derenthal
image à la une: Reuters (STRINGER/FRANCE)