Aurore, jeune française de 25 ans est partie cet été en volontariat pour trois mois avec l’association Opération Amos dans une communauté spiritaine. Récit.
Il était une fois, une fois… au Vietnam ! Les tribulations d’une française au pays des Viêts !
Mon expérience au Vietnam se passe très bien. Ma mission au sein de la communauté du Saint Esprit est passionnante et je m’entends vraiment bien avec le Père Frédéric Rossignol, belge, mon « responsable ». Il prend le temps de me faire découvrir ce beau pays. Je lui suis grandement reconnaissante.
Les Vietnamiens m’ont rebaptisée « Bình Minh », ce qui signifie l’aurore ! J’essaie de me mettre tant bien que mal au vietnamien, mais l’apprentissage de la langue reste très difficile.
J’ai appris assez rapidement à vivre au rythme de Saigon : lever à 6h pour profiter de la fraîcheur de la matinée et effectuer quelques mouvements de Taï Chi, déjeuner à 11h30, sieste à 12h30 et dîner à 18h30. Voilà une journée-type à la vietnamienne!
De mi-juin à mi-juillet, j’ai donné des cours d’anglais aux frères aspirants de la communauté (Spiritains) qui sont en 1ère et 2ème année de séminaire. Ils ont entre 23 et 29 ans. J’ai eu un très grand plaisir à m’improviser professeur d’anglais pendant ces quelques semaines. Pour être franche, j’avais une petite appréhension au début à donner des cours d’anglais, étant donné que ce n’est ni mon métier, ni ma langue maternelle… Finalement tout s’est très bien passé, nous arrivions à nous comprendre : moi avec mon accent bien franchouillard et eux leur accent bien vietnamien ! J’essayais de rendre les cours vivants, en étudiant des chansons (de Simon & Garfunkel, de Michael Jackson, Jason Mraz !), des films (« les chariots de feu ») et des vidéos sur l’actualité internationale. Nous avons fait un Times up géant, succès et rires garantis !
J’aimais beaucoup discuter avec eux de leur pays, leur histoire, leurs spécialités culinaires, leurs coutumes… Nous échangions mutuellement sur nos cultures respectives. C’était passionnant d’entendre leurs témoignages.
Avec le P. Frédéric et deux frères aspirants, nous sommes allés de notre côté à Ca Mau dans la région extrême sud du Vietnam, dans le détroit du Mékong. Très belle région, peu touristique du fait de la présence en grand nombre de moustiques et de fortes pluies régulières ! Première fois que je dormais sous une moustiquaire ! Nous avons rencontré les enfants qui sont aidés dans leur scolarité par des bienfaiteurs vietnamiens, français, irlandais et américains. Il faut savoir que les enfants de familles pauvres abandonnent souvent l’école à 14-15 ans, les parents préfèrent les voir travailler dans une entreprise de fruits de mer et rapporter un salaire conséquent tous les mois.
Les Vietnamiens sont des gens simples, accueillants, très respectueux et aidants. La famille est très importante pour eux, souvent les trois générations vivent sous le même toit. Ils vivent beaucoup en communauté. Et c’est un peuple qui aime beaucoup chanter, à la messe ils chantent tous et bien fort ! Les jeunes aiment beaucoup aller aux karaokés.
Depuis le début du mois d’août, j’ai commencé dans l’orphelinat Tephan de Saigon. Je vais y rester pendant trois semaines. Ce sont deux personnes consacrées, aidés de thérapeutes et de professeurs, qui dirigent et s’occupent de 45 enfants. Trois fois par semaine, j’aide les thérapeutes lors des séances de kiné. Je m’occupe d’une petite vietnamienne toute mignonne. Elle est très énergique, me donne souvent des coups. Je tente de l’apaiser lors des séances de kiné et de lui apporter un peu de douceur. Elle exprime des émotions, elle sourit et pleure, mais est incapable de communiquer avec moi. Je me rends compte qu’elle est très sensible au bruit, j’essaie ainsi d’attirer son intention par des claquements de mains et des cris : c’est une autre forme de langage!
Dans la communauté des Spiritains au Vietnam, il y a cinq prêtres : 3 Pères vietnamiens, 1 Père belge (appelé « Father Hoa », hoa signifie paix) et le Père Supérieur, irlandais (« Father Thong »). Le séminaire dure 11 ans, au lieu de 9 ans car il y a 2 ans au début dédiés à l’apprentissage de l’anglais.
J’ai assisté au début de mon séjour à un mariage traditionnel vietnamien entre un français et une vietnamienne à Hué dans le centre du Vietnam. Un mariage bouddhiste dure de 7h du matin à 14h, le temps d’une matinée ! De même pour un mariage catholique.
A 7h, le marié m’avait donné rendez-vous à l’hôtel où avait lieu la réception. J’étais témoin du marié et faisais partie de la procession ; je devais porter les cadeaux à la mariée qui nous attendait sagement chez elle avec ses parents et ses témoins ! Nous avons traversé la ville à pied nos présents à la main, en grande fanfare, pour la rejoindre !
Une « bénédiction » a eu lieu chez elle dans la tradition bouddhiste. Puis tout le cortège est parti en « cyclo » direction la rivière des parfums pour rejoindre l’hôtel en bateau ! J’essayai de me fondre dans le cortège avec mon petit mètre 75, en portant la tenue traditionnelle « Ao dai ». Je crois que c’était un peu loupé !
Les Pères m’ont fait découvrir la cuisine vietnamienne, qui est délicieuse et très saine : nems, rouleaux de printemps, nouilles de riz, soja, salades « goï » servis avec des chips aux crevettes (attention aux sauces de poisson, « nuoc mâm », agrémentés de petits morceaux de piment rouge, elles peuvent se révéler très fortes !). Eviter donc de croquer à pleine bouche les piments rouges, ce que, inconsciente, j’ai malheureusement fait ! La nourriture de base est le riz, nous le mangeons avec de la viande, du poisson et des légumes. (…)
En vivant cette expérience, je mesure à quel point je suis une privilégiée. J’ai rencontré beaucoup d’enfants en situation d’handicap et des familles dans la misère.
La communauté des Spiritains m’a très bien accueillie. Cette expérience je m’en souviendrai toute ma vie !
Aurore, Bình Minh ! Septembre 2014