Benoît est en mission à Mampikony et nous partage ses nouvelles en cette période mondialement bouleversée.
Ici il fait très chaud et les conditions de vie sont rustiques. J’ai pu découvrir le climat qui fait apprécier les légères brises nocturnes et redouter les repas qui se révèlent être de véritables épreuves entre la chaleur (qui fait transpirer plus que de raison), le riz chaud et le bouillon de légumes clairet. J’apprécie les pâtes du dimanche soir, le ronono (lait) chaud du lundi soir ou le sakafo (repas) amélioré du jeudi midi avec les deux communautés spiritaines de Mampikony où la THB (bière malgache) ne manque pas plus que le rhum. Avec Florian, spiritain et une autre volontaire, nous avons pu faire une petite escapade aux alentours de Tananarive très sympathique comme le montrent les photos.
Un planning bien chahuté
Par ailleurs, je n’ai pas tant été que ça au collège et au lycée, vu que la première semaine, je ne suis arrivé que le mardi soir et que par conséquent, je n’ai commencé que le lundi suivant. De plus, le hasard du calendrier a voulu que la semaine suivante soit la semaine d’examens du 2nd semestre, pendant laquelle je n’étais pas au collège ni au lycée, mais où j’ai profité du temps disponible pour explorer et tester les différentes solutions envisageables pour la mise en place d’une base de données de gestion scolaire. Le coronavirus a fini de bouleverser ce rythme hebdomadaire pas encore établi puisque les écoles sont fermées. Bref, on me l’avait bien dit, le maître mot, ici c’est improviser.
Improviser
Improviser, lorsque dès le premier jour, tu te retrouves à faire cours de mathématiques pendant 3h des classes de 60 élèves de seconde au lieu d’être en binôme avec leur professeur parce qu’un conseil de discipline a été placé sur les heures de cours alors que tous les professeurs y participent. Improviser, lorsque tu penses faire un cours de français en binôme mais que c’est un cours de mathématiques seul face à une classe de troisième avide de blagues d’adolescents en tous genres. Improviser, quand la prof de français ne fait finalement pas cours parce que sa fille est malade et que tu la remplaces pendant 2h. Bref improviser en toutes circonstances (et j’en passe) ! Pour revenir aux bouleversements liés au coronavirus (et oui même ici !), je n’ai donc plus de cours au collège ou au lycée mais je ne manque pas d’occupations ici à l’internat, celles-ci étant plus ou moins caler sur le rythme qui a été défini pour les classe-mange (internes) pendant l’arrêt des cours : travaux manuels le matin, travail intellectuel l’après-midi, un peu de sport le soir avec les dernières lueurs du soleil, avant d’enchaîner avec le sakafo et la plupart du temps un film français, pouvant ainsi au passage améliorer leur niveau de français assez faible dans l’ensemble. Dans les faits, j’ai déjà pu raboter les portes de douches de la maison qui bien que presque neuve regorgent de petits bricolages à faire puisque la notion de finition est approximative ici. J’ai aussi pu aider à curer le canal/égout du collège, ou faire de la maçonnerie pour l’incinérateur à déchets, en espérant que mon travail ne déroge pas à la réputation des murs vazaha (étrangers blanc de peau) qui normalement sont résistant à toutes épreuves.
Apprendre à vivre sans…
D’un point de vue, plus pratique, depuis ce We, il n’y a plus de messe publique, plus de taxi-brousse en théorie, plus de liaisons internationales jusqu’au 20 avril au moins. Mais au quotidien, les choses ne changent pas tellement vu que les gens sont obligés de travailler pour pouvoir manger. Seul leur inquiétude grandissante, au vu de la propagation de l’épidémie en Europe, rappelle au détour de chaque conversation qu’ils ont bien conscience du danger que représente cette nouvelle maladie. Pour ma part, je suis très content d’être ici, et pas du tout inquiet. Je profite de chaque jour à fond et espère que je ne serais pas dans l’obligation d’écourter mon séjour ici (surtout si c’est pour se retrouver en quarantaine ici en France). En espérant, que tu t’es un peu divertie à la lecture de ces quelques nouvelles, In Christo, Benoît