Un an à la maison Caris à Chevilly-Larue

Joseph est un jeune professionnel ayant vécu à la maison Caris pendant un an, de novembre 2014 à octobre 2015. Après cette expérience de vie et de partage avec des personnes en précarité, il nous livre son témoignage.

Joseph et bruno à CarisMon arrivée était, pour ainsi dire, providentielle, car vivant en Picardie chez mes parents, je recherchais un logement après avoir trouvé un poste à Thiais comme commercial dans le domaine du café. J’ai appelé la paroisse de Thiais, à la recherche d’un logement où pouvait se vivre une spiritualité, en leur expliquant ma situation de jeune chrétien. Une dame m’orienta vers le frère Christian Thuet et le foyer Caris. Le frère me demanda si j’étais prêt à m’engager à vivre auprès des gens ayant vécu dans la rue une situation d’exclusion, en passant quatre soirs par semaine auprès d’eux. Je n’ai pas beaucoup réfléchi et j’ai accepté son invitation à venir passer une soirée pour rencontrer les habitants du foyer et faire connaissance. J’ai tout de suite accroché à la bonne ambiance qui se vivait et je me suis senti bien au milieu d’eux.

Les premiers temps furent ces moments de découverte. Une manière pour moi de comprendre ce qui mène à la rue, ce qui a été vécu de difficile, ces accidents inimaginables pour quelqu’un qui ne les a pas connus. Chaque soir un temps de prière avant le repas avec le frère nous permet d’échanger sur les joies et les peines de la journée et de confier la vie des gens du foyer. Chaque mercredi soir, une réunion plus longue nous permet d’échanger davantage sur ce que nous vivons et ce que nous voyons. Derrière ces histoires se cachent en fait des hommes pleins de richesses, qui ont tant à apporter, à faire valoir leur qualité, avec un sens aigu de l’attention portée à leur prochain et de la parole donnée. J’ai appris beaucoup pendant cette année, pendant laquelle,  en ayant donné un peu de mon temps j’ai énormément reçu de ces échanges, souvent nourris de bonne humeur et d’éclats de rire.

Pendant toute l’année, mes soucis au travail n’ont jamais résisté à ce « sas » que représentait la soirée au foyer, la fraternité qui était vécue. Malgré les difficultés et les crises qui ont touché et qui touchent le foyer, j’ai perçu la grandeur de l’œuvre (« de Dieu ») porté par le frère Christian, et son enracinement comme un apostolat des frères spiritains. Même s’il n’est pas question en premier d’évangélisation, le foyer permet aux résidents une redécouverte d’eux-mêmes (lutte contre les addictions), une redécouverte des autres (repas en communauté), qui correspondent à une réhabilitation en tant que personne. Par la suite les résidents sont aidés et accompagnés pour trouver une meilleure situation de travail et de logement. De mon côté, j’ai finalement eu un CDI qui m’a permis à mon tour d’avoir un logement non loin du foyer, où je vis actuellement.

Cette année au foyer Caris a aussi été un chemin de mûrissement avec Bénédicte ma fiancée, souvent invitée au foyer. Nous débutons le chemin de la préparation au mariage. Je repense à tous ces moments vécus et ressors grandi. Je rends grâce à Dieu pour cela et confie à vos prières chacun des résidents.

Joseph

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