La paix évoque l’harmonie, l’équilibre en soi et dans les relations, le calme, la sécurité, l’absence de stress et de conflits. Or la paix intérieure est vécue par Libermann dans des conditions peu favorables : maladie qui porte plutôt à l’inquiétude et à la dépression ; avenir compromis pendant une partie de sa vie ; responsabilités lourdes et activités multiples ; la mort tragique de ses premiers missionnaires, l’échec de certains projets (mission en Australie), des tensions entre des confrères ; il se heurte sans cesse à des contretemps et des obstacles de toutes sortes. C’est dans ce contexte défavorable, et sans doute à cause de cela, que Libermann va prendre le chemin de la confiance et de la paix.
Il fait l’expérience d’un Dieu qui lui « a tout donné ». Il faut donc le laisser agir, se rendre disponible et lui abandonner tout. Avancer au rythme de Dieu, dans la docilité à son Esprit : savoir attendre, mais aussi avancer quand le moment est venu quel qu’en soit le prix. Ne jamais se décourager ou revenir en arrière parce que c’est difficile. Les difficultés mêmes renforcent sa volonté et son énergie. Il agit avec une grande liberté intérieure, avec audace et persévérance. C’est à Dieu et aux appels de son Esprit qu’il veut être fidèle, non à une perfection imaginaire. Il trouve dans le « chemin facile de l’abandon », la force de traverser ses épreuves. C’est pourquoi il peut être un guide pour nous.
La tempête survient sur la route de la mission, la traversée vers un territoire païen. Ce récit décrit de façon symbolique le destin de Jésus. Il vient parmi nous, se fait proche, pauvre, serviteur pour rejoindre les petits. Dans ce mouvement de dépossession, il se heurte aux forces du mal. « Désarmé », il se met à une place où personne ne veut aller : celle des sans-voix, des pauvres, des non-violents qui refusent de tuer. Toutes ces positions se heurtent à la violence, à l’hostilité. Toute sa vie est un dur combat contre les forces du mal et il va devant un affrontement très violent, celui de sa mort. Le sommeil de Jésus symbolise sa mort. Il s’endort dans la mort au sein du chaos infernal des flots déchaînés. Dans ces moments, la foi des disciples chancelle, ici comme à la croix. Le réveil évoque la Résurrection. C’est le Ressuscité qui calme la tempête ; c’est lui qui emporte la victoire sur les forces du mal et de la mort. D’où l’étonnement et la question des disciples : qui est-il ? Dieu seul a le pouvoir de dompter les eaux de la mort (Ps 107, 23-30). Libermann à Mgr Kobès (1er nov. 1851, N.D. XIII, p. 351-356) Une des dernières lettres de Libermann. Une confidence sur les épreuves traversées, mais dans la paix. Un testament spirituel : la sainteté plus que le zèle. « Plus nous allons, plus nous pouvons nous convaincre que notre chère Mission de la Guinée est une oeuvre de patience, d’abnégation, de douceur et d’abandon à Dieu. Monseigneur, si jamais missionnaire a eu besoin d’être saint, nous devons l’être, nous, plus que tout autre. Si les missionnaires de la Guinée ne sont pas très élevés en sainteté, ils deviendront le jouet du démon qui met tant d’acharnement à nous tracasser, nous tourmenter en tous sens et par toutes sortes de moyens. Je vois plus que jamais que notre vie doit être une vie de sacrifice complet : il faut que nous parvenions à une telle abnégation de nous-mêmes, dans les petites choses comme dans les grandes, que nous restions impassibles devant tout ce qui nous arrive ; il faut nous attendre à toutes les peines, à toutes les privations, à toutes les souffrances, à des difficultés de tout genre, rester debout devant Dieu, dans la paix, l’humilité, la douceur et dans une pleine confiance en la miséricorde de Dieu ; ne désespérer de rien, ne nous exalter de rien, modérant notre joie dans le succès et patientant dans l’adversité ; être en toutes choses calmes comme des hommes qui se reposent en Dieu seul, qui ne font que l’oeuvre de Dieu, sans aucune satisfaction pour eux-mêmes ; de manière que si nous réussissons, nous nous réjouissions en Dieu et pour Dieu parce qu’il a accompli ses desseins, mais notre joie est douce et paisible ; si nous ne réussissons pas, si nous sommes arrêtés dans notre marche… Il semble évidemment vouloir que nous sauvions ce pays plutôt par notre propre sanctification que par notre zèle ; je veux dire que la sainte volonté de Dieu est que nous nous placions au milieu de ces peuples en menant une vie toute sainte et en mettant un soin tout particulier à la pratique des vertus sacerdotales et religieuses, l’humilité, l’obéissance, la charité, la douceur, la simplicité, la vie d’oraison, l’abnégation, etc. Ceci doit être l’objet de tous nos soins et n’empêchera en aucune manière l’exercice du zèle apostolique, mais au contraire lui donnerait plus de consistance et de perfection ». Nous est-il possible, en communauté, de partager nos difficultés, Seigneur je n’ai pas le cœur fier Non, je tiens mon âme Attends le Seigneur Israël,
Ce jour-là, le soir venu, il dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive ». Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient. Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »
nos combats ou nos besoins ?
ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins,
ni merveilles qui me dépassent.
égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.
maintenant et à jamais (Ps. 130)